REPO MEN : Critique

REPO MEN : Critique

Par Jean Philippe Colrat

Dans un monde futuriste, Rémy et Jake sont deux amis travaillant ensemble. Leur métier : REPO. Traduction : récupérateur d’organes artificiels après plusieurs impayés de la part du “client”. Rémy aime son boulot jusqu’au jour où il est victime d’un arrêt cardiaque. Nouveau cœur, nouveau crédit et nouveau souci puisque Rémy ne peut plus exécuter les ordres comme avant, s’étant découvert une conscience entre temps. Impossibilité de travailler, donc de ramener de l’argent, il finit par ne plus pouvoir payer ses échéances. Et la société qui l’emploie ne voit pas pourquoi elle lui accorderait un traitement de faveur.

On ne trouvera pas une très grande originalité du côté de l’histoire, mise à part l’idée initiale : le job de « Repo ». Tout est téléphoné, on devine sans trop d’efforts la majeure partie des retournements de situations. Mais le scénario révèle bien des surprises, parfois infimes. La critique est bien présente même si nous avons à faire à une énorme série B de science fiction (totalement assumée par ailleurs). Tout d’abord, il y a une remise en question de l’américain moyen qui part et s’éclate à la guerre avant de revenir et de trouver une raison à sa vie dans des bagarres d’ivrognes. Ensuite, toute la chaine de cette société de consommation est démontée de bout en bout. Du commercial qui vous embobine à l’ouvrier qui travaille dans une usine et qui y meurt en passant donc par le métier le plus ingrat, celui de Repo. Tous vont découvrir le revers de la médaille. Deux petites allusions sont présentes jusque dans les journaux télévisés où le nom d’un pays est toujours accompagné du continent où il se trouve, où l’on explique chaque fait d’actualité comme à un enfant de 5 ans. Tout cela apparait comme l’aveu d’une société inculte, se préoccupant par ailleurs très peu des problèmes qui l’ entoure, sûre d’être au bon endroit et d’avoir fait les meilleurs choix possibles.

Pour ce qui est des acteurs, on sent que Forest Whitaker et Jude Law  prennent plaisir.  Whitaker est extrêmement convaincant en homme simple, convaincu que  le travail et l’amitié sont les deux seules choses nécessaires dans la vie. Jude Law étonne dans le personnage du traqueur-traqué, complètement à l’opposé de ses rôles habituels. Ici, les deux hommes sont méprisables, ils parlent avec un humour noir de leur travail comme un facteur parlerait du sien. Sauf qu’eux ne livrent pas des colis mais en récupèrent en laissant mourir les “ex”-clients à même le carrelage. Quant à Liev Schreiber, il semble avoir été un patron cynique dans une autre vie tellement nous avons envie de le frapper.

Mais le plus surprenant reste sans aucun doute ce côté gore quasiment absent dans une bande annonce très aseptisée. Dans le film, le sang se compte en hectolitres et le corps humain finit par ne plus avoir de secret pour le spectateur puisque une douzaine sont disséquées en gros plan, parfois à la limite du supportable. La violence est crue et sans détour.

Repo Men est donc une excellente surprise. Ce film d’action ne peut laisser personne indifférent tant par son côté trash que par son humour grinçant voire malsain. A aller voir sans hésiter.

Repo Men de Miguel Sapochnik

Sortie le 14 juillet 2010

Distribué par Universal International Picture France